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Tromboniste
De nombreux ouvrages et sites internet racontent l'histoire du jazz, beaucoup plus complètement que le site du Melon Jazz Band. Mais nous pouvions difficilement bâtir un site qui présente un orchestre de jazz sans apporter notre vision de l'histoire de ce genre musical. On trouvera donc dans les pages qui suivent un survol historique des cent dernières années.
Le jazz a cent ans. Comme tout centenaire, il a connu des évolutions, des périodes très contrastées, des ruptures, des renaissances. Mais tout centenaire qu'il est, on peut affirmer qu'il est jeune - certaines musiques ont plusieurs siècles – et qu'il a encore un bel avenir devant lui.
Il est donc difficile de définir le jazz en peu de mots. Historiquement, c'est une musique du XXème siècle, une musique multiple, qui est fortement mêlée à l'Histoire.
Pour dire l'essentiel : le jazz est une musique née aux États-Unis d'Amérique, des traditions mêlées des esclaves noirs et des colons blancs. Cette musique se caractérise principalement par un rythme très marqué et une large part d'improvisation. Cette définition n'est pas exclusive : on classe dans le jazz des musiques au rythme à peine suggéré, et des orchestrations très écrites avec peu d'improvisation. Dans ce cas, ce sont les harmonies qui donnent la touche jazz à la musique.
On a longtemps dit que le jazz était la musique des Noirs : oui et non. Oui, parce que sans l'apport des Noirs déportés d'Afrique comme esclaves aux États-Unis, le jazz ne serait pas ce qu'il est. Non, parce que dès ses débuts, le jazz a été joué aussi par des Blancs. C'est une musique qui aura permis à des Noirs de devenir rapidement connus, alors que dans d'autres métiers que celui de musicien, ils auraient mis quelques dizaines d'années de plus à devenir célèbres, à cause de la ségrégation raciale qui régnait aux États-Unis au début du XXe siècle.
Le jazz peut aussi se définir à partir d'une autre approche : l'instrumentation.
Un orchestre de jazz est composé de deux sections :
Parmi eux trois instruments très fréquents dans le jazz : la trompette, les saxophones, le trombone.
Entre les XVIe et XIXe siècle, les colonisateurs européens et américains (ceux-ci étant d'abord des colons principalement britanniques, c'est pourquoi on parle anglais aux États-Unis) ont eu besoin de main-d'œuvre pour les plantations de coton, de canne à sucre, de tabac. Cette main d'œuvre leur a été fournie par le tristement célèbre commerce triangulaire : les Européens, Anglais, Français, Espagnols, Portugais, viennent vendre des biens matériels en Afrique. En échange, ils chargent leurs bateaux d'esclaves africains, traversent l'Atlantique, et livrent les esclaves qui n'ont pas péri en mer aux propriétaires planteurs américains. (Dans les Antilles aussi, mais notre sujet reste l'Amérique du Nord). On estime à 200 millions le nombre d’esclaves déportés pendant ces trois siècles.
Deux civilisations se côtoient alors : la civilisation occidentale, les civilisations africaines. Les colons européens, en plus de maintenir les déportés africains en esclavage, leur imposent leur religion, la religion chrétienne, protestante surtout, et catholique.
Les esclaves noirs intègreront, bien obligés puisque leurs maîtres leur interdisent de pratiquer leurs cultes traditionnels africains, ces sources religieuses, qui se réfèrent à la Bible. Ainsi naîtront les Negro Spirituals.
Les Negro Spirituals : ce sont des chants de prière, dans lesquels les esclaves noirs expriment à la fois leur peine et leur espoir, leur résignation et leur désir de liberté, puisque la religion chrétienne se présente comme une religion d'espérance. Sur des mélodies simples, sans instruments, ces chants se développent dans la communauté noire. Le Gospel est la version moderne et avec instruments du Negro Spiritual.
Découvrez un exemple de Negro Spiritual.
Dans cette interprétation, pas d'effets de rythme, seulement l'esprit du texte aux références bibliques.
Découvrez un exemple de Gospel. Cet extrait montre que le gospel est devenu, à partir d'un même matériau religieux, un spectacle musical plus qu'un chant sacré.
Dans le même temps, à côté des esclaves noirs, on trouve des blancs, pauvres, ouvriers, en situation de prolétaires, qui eux aussi s'expriment en musique. C'est à la fois la musique « country », le « work song » et le Blues. Le Negro Spiritual et le Blues donneront naissance au jazz. Qu'est-ce qui différencie le Negro Spiritual du Blues ?
Dans les deux cas, ce sont des musiques simples, des harmonies élémentaires, faciles à jouer et à chanter.
Au fur et à mesure que les esclaves sont affranchis, ou qu'il bénéficient chez leurs maîtres d'un accès à une certaine éducation et aux instruments - car il y avait chez les propriétaires planteurs des pianos, des instruments à vent et à cordes, c'étaient la plupart du temps des bourgeois cultivés - ces esclaves ou anciens esclaves pratiquent la musique, en intégrant les traditions de leur Afrique natale : les rythmes, et les traditions européennes : musiques de fanfares, polkas, mazurkas, toujours avec des mélodies simples : le jazz est né. On est à la fin du XIXe – début du XXe siècle.
Les premières formations comprennent des instruments à vent : trompette, saxophone, trombone, clarinette, tubas, tambour, des instruments qui permettent de jouer en marchant, comme dans les fanfares. Mais parallèlement, il y a des instruments moins mobiles, tels que le piano, sur lesquels on joue aussi cette musique. Le piano sera l'un des rarissimes instruments du jazz à être souvent joué en solo.
C'est à la Nouvelle-Orléans principalement que naît cette musique. Ce fut le berceau du jazz au début du XXe siècle, mais ce n'est plus aujourd'hui la capitale du jazz : le jazz s'est très vite déplacé dans les grandes villes du nord, et les capitales du jazz ont été successivement Chicago, et puis bien sûr New-York. Donc la Nouvelle Orléans est un peu le musée primitif du jazz, dans le quartier de prostitution de Storyville.
À la Nouvelle Orléans, le dimanche, les noirs se réunissaient à Congo Square, libérés quelques heures de leur condition d’esclaves, et ils faisaient de la musique, seule expression qui leur restait, puisqu’on trouvait surtout une tradition orale en Afrique, et que s’il y avait eu une tradition écrite, ils n’auraient de toute manière pas pu l’emporter avec eux.
Des mélodies simples sur des harmonies simples, un rythme marqué sur tous les temps, un jeu collectif où plusieurs musiciens improvisent ensemble sur une trame harmonique. Les orchestres jouent notamment sur les riverboats, ces bateaux à roues qui naviguaient sur le Mississipi.
Découvrez un exemple de l’Orchestre de Kid Ory.
Le piano de l'époque : Scott Joplin.
Les Américains importent cette musique en France à l'occasion de leur participation - moins forte qu'en 1944 - à la Première Guerre mondiale. Le premier concert de jazz en France a lieu en 1918 à Nantes. L'orchestre américain qui a fait écouter du jazz aux Français était une fanfare militaire : celle du 369e régiment d'Infanterie Américaine. Elle est dirigée par un noir : Jim Europe.
À l’époque, pas beaucoup de disques, peu de postes de radio. On va beaucoup danser au son des orchestres. Danse, donc rythme, et les orchestres de jazz connaissent un fort développement. Ce sont les débuts du plus célèbre orchestre de jazz : celui de Duke Ellington, et plus tard de Count Basie.
Découvrez Duke Ellington Orchestra - Satin Doll.
En ces temps-là, le racisme est institutionnalisé aux Etats-Unis, et beaucoup de ces orchestres sont composés de musiciens noirs. On en arrive à ce paradoxe : dans les salles de danse ou de concert, le public est blanc, car l’entrée est interdite aux noirs, et les noirs sont sur scène. Ils ne pourraient pas venir comme spectateurs. Le premier chef d’orchestre qui a pu imposer la présence de musiciens noirs avec les musiciens blancs dans son orchestre fut Benny Goodman. Puisque l’on parle de race - notion pertinente à l’époque mais qui ne l'est plus aujourd’hui - Benny Goodman était juif. C’était avant le nazisme et la Shoah.
On a vu que le jazz était arrivé en France dans les années 1915-1920. Il y a donc eu à partir de cette époque des musiciens de jazz français, il y en a toujours, et certains font des carrières internationales au même titre que les Américains. Le jazz est donc né en Amérique, mais il n’est plus, depuis longtemps, exclusivement américain. Dans les années 1930 des musiciens français deviennent célèbres en créant un jazz très typé : le jazz « Manouche ». Manouche parce que créé par le célèbre guitariste Django Reinhardt, un « bohémien », avec le violoniste Stéphane Grappelli. Cette musique, le jazz manouche, a toujours ses amateurs. Rythme très marqué, accompagnement à la guitare (pas forcément de batterie), sur un mode un peu monotone, en marquent tous les temps.
Découvrez Django Reinhardt - Minor Swing.
Avec les grands orchestres, on entend de grandes voix, notamment féminines : Sarah Vaughan, Billie Holiday.
Découvrez la voix d’Ella Fitzgerald.
Et puisque nous sommes dans la période 1930-1945, un mot sur le jazz pendant la Deuxième Guerre mondiale : de nombreux musiciens de jazz américains étaient déjà venus en France, certains s’y étaient installés sur une durée longue, pour fuir le racisme de leur pays. Ils ont enregistré de nombreux disques en France dans l’entre-deux guerres. Le jazz est considéré par les nazis comme une musique dégénérée, et se trouve donc interdit. Les soldats américains qui vont participer au débarquement de juin 1944 arrivent aussi avec leurs fanfares, leurs orchestres. Le plus célèbre est Glenn Miller, tromboniste et chef d’orchestre, qui disparut lorsque son avion fut abattu entre Londres et Paris en 1944.
Le jazz était une musique nouvelle, révolutionnaire, puisqu'elle faisait jouer ensemble noirs et blancs, puisqu’elle était née au début du siècle. En 1945/48 le jazz n'avait que 40 ans, et pourtant, il était devenu un genre musical à part entière, avec ses règles, ses caractéristiques. On pouvait commencer à parler de jazz classique, alors que l'on opposait – et l'on oppose encore – jazz et musique classique. C'est là qu'une génération de jeunes musiciens a décidé de casser les codes de ce jazz classique, en inventant une nouvelle façon de jouer.
Ces jeunes musiciens, leur nom restera dans l'histoire du jazz : Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Thelonius Monk, Bud Powell. Ils inventent le style de jazz « Bebop ». Comment se caractérise-t-il ? On joue très vite, la batterie, notamment les cymbales, ont beaucoup d'importance, on va chercher des harmonies un peu dissonantes, qui écorchent un peu l'oreille de l'époque. Aujourd'hui ces dissonances ne choquent plus du tout. Les mélodies de départ sont toujours assez simples, ou reprennent des thèmes déjà connus dans le jazz classique, mais ils sont joués dans ce style Bebop.
Ce ne sont plus de grands orchestres de 25 musiciens et plus – quoique ceux-ci continuent à exister pour le public qui leur est fidèle – ce sont plutôt des formations de cinq à dix musiciens au maximum.
Le premier festival de jazz a eu lieu en France, à Nice en 1948. Depuis, le festival est devenu un mode de spectacle très usité un peu partout dans le monde. Citons en Normandie « Jazz sous les Pommiers » à Coutances, un des grands festivals de jazz en France, auquel participe régulièrement le Melon Jazz Band sur la scène amateurs, le plus célèbre festival étant Marciac.
Comme toutes les tendances, les modes, le Bebop ne restera pas comme la seule nouvelle manière de jouer le jazz. C'est tout de même une référence, et aujourd'hui, dans les conservatoires et les écoles de jazz, on enseigne à partir du Bebop, parce qu'il contient tout ce qui fait le jazz : rythme marqué, improvisations, instrumentation.
Le trompettiste Dizzy Gillespie sera le principal musicien de jazz à « importer » de la musique afro-cubaine-sud américaine dans le jazz, c'est-à-dire d'y introduire des rythmes binaires, le jazz étant à cette époque joué surtout sur un rythme ternaire.
Le Bebop ne convenait pas à tous les musiciens, et certains s'en détachèrent pour jouer une musique qui conservait les caractéristiques mélodiques et harmoniques du Bebop, mais avec une interprétation plus calme, moins rapide. Le jazz s'éloigne un peu de New York et Chicago, et va sur la côte ouest, la Californie. C'est un jazz moins excité, plus serein que le Bebop, mais il a aussi ses morceaux rapides comme ses morceaux lents.
Découvrez le “hard bop” par Art Blakey - Whisper not.
Une autre chanson “hard bop” par Gerry Mulligan - Walkin'shoes.
On va assister à nouveau à une rupture, très importante dans l'histoire du jazz, mais qui ne laissera pas de cicatrices. Dans les années 1960 le jazz est devenu soudain incontrôlé, comme fou, pendant quelques années. Et puis on est revenu à une musique qui accepte à nouveau d'entrer dans des cadres, des règles.
Rappel : le jazz avait déjà connu des ruptures :
En somme, tous les vingt ans, le jazz connaissait une rupture. Cette fois-ci, dans les années 1960, c'est le Free Jazz. Et là, on casse tous les codes. On conserve les mêmes instruments, les mêmes formations, section rythmique et mélodique, mais on ne joue plus la même musique.
Il semble qu'il n'y ait plus de règles : le morceau commence souvent comme un morceau de jazz classique, puis, une fois la dernière phrase du thème exposée, on a l'impression, et c'est souvent ce qui arrive, que chacun va jouer pour lui-même, dans son coin, sans s'occuper de ce que font les autres. C'est le désordre, on ne se préoccupe plus d'harmonie. Dans la réalité, les musiciens s'entraînent mutuellement à monter en pression, et au bout d'un moment, c'est une sorte de cacophonie, et certains morceaux, en concert comme en studio, peuvent durer ainsi jusqu'à 20 minutes. Cette description peut paraître un peu caricaturale, mais on n'est pas loin de la vérité.
À découvrir dans Le pianiste Cecil Taylor.
Et dans L'Art Ensemble of Chicago.
Pourquoi cette sorte d'anarchie à ce moment-là ?
Il faut se replacer dans les événements historiques de l'époque : c'est la période où les Noirs américains luttent le plus fort pour leurs droits civiques, c'est le début de la guerre du Vietnam, qui rencontre une vive opposition, c'est la révolution sociétale de 1968. C'est à la même période que certains peintres vont plus encore dans l'abstraction, le geste de peindre devient en lui-même une œuvre d'art, le théâtre casse les codes : plus de rideau, on change de décor devant les spectateurs, les pièces durent quatre heures ou plus, les acteurs jouent parfois nus, c'est la période des « happenings », des hippies, « faites l'amour, pas la guerre », c'est le début de grandes contestations sociales. Donc, le jazz marque à sa manière sa façon de contester les pouvoirs en place et les traditions. Il ne s'agit plus de produire une musique agréable, virtuose, il s'agit de crier sa rage contre le monde ancien, la discrimination raciale. Cela n'empêche pas ces musiciens d'être de très bons techniciens de leur instrument et ils savent aussi jouer classique.
Certains considèrent le Free Jazz plus comme un phénomène sociétal que comme de la musique au sens noble du terme. Beaucoup des musiciens de jazz qui ont plongé dans le Free Jazz sont revenus depuis à une pratique plus traditionnelle.
Pendant la période du Free Jazz, si l'on ose dire, les travaux continuent, c'est-à-dire que les musiciens qui ne veulent pas entrer dans le mouvement du Free Jazz, continuent à développer le jazz selon des pratiques classiques. Le Free Jazz ne prend pas toute la place.
Et l'on verra apparaître, à peu près à la même époque, une musique qui s'intégrera au jazz très facilement : la Bossa Nova. La Bossa Nova est née au Brésil à la fin des années 1950, avec notamment le compositeur Antonio Carlos Jobim. Bossa Nova, d'ailleurs, signifie « nouvelle vague », donc ses promoteurs voulaient aussi respirer un air nouveau en métissant la musique brésilienne et le jazz moderne.
La Bossa Nova se caractérise par un rythme binaire, lent ou rapide, mais le plus souvent nonchalant. Le jazzman qui fera connaître la Bossa Nova, qui en fera du jazz, est le saxophoniste Stan Getz. Écoutez un extrait de Bossa Nova « Desafinado ».
Mais on peut dire que le Free Jazz n'aura pas été seulement un accident de l'histoire du jazz. Après les années 1970, on entend une musique de jazz qui a deux caractéristiques nouvelles :
La Bossa Nova aura donné le signal : les instruments africains, arabes, comme le oud, entrent dans le jazz. Plus près de nous, l'accordéon entre aussi dans le jazz. Et surtout, on assiste à un mélange avec le rock. Le jazz-rock, ou jazz-fusion, se développe, avec beaucoup d'instruments électriques, synthétiseurs.
Dans le jazz classique et dans le Bebop, les morceaux de musique se déroulent selon un schéma à peu près toujours le même : on expose le thème, on improvise, on réexpose le thème et on finit.
Dans le jazz actuel, on n'est plus dans ce schéma, les morceaux se déroulent apparemment sans cette organisation traditionnelle, il y a souvent des ruptures, des changements de rythme au cours du morceau, des arrêts, dits « breaks ».
Parmi les musiciens de cette période : le guitariste Pat Metheny.
A côté de cela, quelques « classiques » se maintiennent : le trompettiste Wynton Marsalis par exemple.
Un musicien peut être considéré à part : il a connu et joué le Bebop des années 40 et s'est adapté aux changements d'époque, et il a fini sa carrière dans un jazz très rock : Miles Davis.
Sites internet :